Mon père
On a parfois envie de remonter le temps, même virtuellement comme ici.
Il faut parfois du temps pour poser des mots, pour écrire. Celà fait près de 6 mois que j'y pense. Enfin, depuis plus longtemps encore, depuis que j'ai ouvert ce blog pour partager ma passion pour Poclain et pour la carrière familiale. J'avais ouvert ce blog par un article, si on peut dire tant le contenu était faible, sur mon grand-père José, le grand-père espagnol, l’immigré par qui l'histoire a commencé, mon histoire.
Disparu en 1970, j'avais 7 ans, il est toujours resté dans mon esprit. La logique aurait voulu que plus tard, j'écrive la suite, génétiquement parlant. Mon père. Un excès de pudeur ne m'a sans doute pas autorisé à aller au bout de ma démarche. Ainsi va la vie, il est sans doute inutile de chercher plus loin les raisons de celà. Alors, pourquoi maintenant? Sans doute parce que c'est le bon moment.
Tu nous a quitté ce 8 avril 2010, fatigué de combattre ce cancer qui te rongeait. Tu as pris le temps de nous laisser arriver de Savoie afin de nous parler une dernière fois, entouré de tes enfants. Cruauté de la vie, mais aussi parce qu'ainsi est la destinée de tout être humain, moments de partage, d'émotions, qu'il aurait été cruel de ne pas partager.
Depuis tout petit, on a été bercé par la vie de la carrière, par ta vie, par cette entreprise familiale qui t'a fait passer tant de nuits blanches, soucieux de son avenir, des employés, du manque de travail quand les chantiers ne sortaient pas, comme on dit. Des heures passées le soir à faire les factures, maman à la comptabilité après sa journée de travail à La Poste, la vie d'un entrepreneur salarié. Je me souviens de tes colères face à certains clients, à un huissier venant saisir la voiture d'un ouvrier et que tu as menacé de pousser avec le chargeur, le Michigan. Ha ce Michigan ! Comme j' étais fier de le conduire ! ! ! Il m'a d'ailleurs valu un surnom que certains de mes pôtes utilisent toujours 30 ans plus tard.
Et ces moments passés sur tes genoux, à conduire la TY45. C'est con, mais ce genre de souvenirs reste intact. Moment de partage, tout simple. Si Obélix est tombé dans la marmite de potion magique étant petit, moi c'est dans les engins !
En feuilletant mes anciens cahiers d'Ecole primaire, Patricia a retrouvé des textes libres, parlant de mercredi après-midi passés à la carrière. Je suis fier d'y avoir travaillé, ce ne fût pas toujours facile, dans la boue, le froid, le bruit, mais j'aimais ça " Toi plus t'es sale, plus t'es content" m'avais-tu dit un jour. Sans doute, peu importe, j'étais fier de porter cette tenue, casseu d'pierre !
Voilà, ma mémoire est intacte, ton souvenir présent. Une part de toi est en moi . . . .
PS: photo datant du début des années 60, prise lors du dépannage de la TU qui avait été accidentée.
Une petite chanson, une de celles qu'on avait choisi pour t'accompagner à la cérémonie.
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