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La carrière des Roches, le site du Châble

4 Juillet 2025 , Rédigé par Pascal Publié dans #La carrière d'Averton

 

 

 

 

 

 

 

Dans l'article N°239 consacré au grand-père José Duarté, j'avais dressé un historique de son parcours, depuis son départ de sa lointaine province de Murcia et de son village de Lumbreras. J'avais évoqué la première carrière qu'il exploita à son arrivée en 1929 à Averton, le site du Châble. Parmi les archives dans lesquelles je me suis replongé, il y a le premier registre du personnel ouvert en novembre 1929. C'est assez succinct, une première page en espagnol "gasto de la carriera" (les dépenses de la carrière) où sont listés les montants liés aux achats, en voici un extrait:

 

Ensuite, il y a une page par ouvrier où sont reprises quelques informations personnelles puis le décompte mensuel des jours travaillés et par conséquence le salaire perçu. En 1929, l'effectif de l'entreprise est de 4 personnes, toutes espagnoles: José Duarté, ses frères Juan et Armancio, et Pedro Barnés son beau-frère.

 Il seront rejoints début 1930 par Antonio Barnés, son beau-frère, marié à sa sœur Catalina.

Toutes ces personnes ont suivi le même chemin, fuyant la pauvreté de l'Espagne pour un pays en recherche de main d’œuvre qui les conduira à Mèze (34), puis à Sées (61) et enfin à Averton (53) dans un premier temps puis Villaines La Juhel (53). 

Le travail est rude, le turn-over est important, le personnel va et vient, certains ne travaillent que quelques mois, voire une journée..... L'effectif en 1930 est de 11 personnes, la main d’œuvre est composée de quatre espagnols, d'un portugais et de 4 ouvriers du cru. La production n'est pas énorme comme le montre ce tableau de 1930:

La production de la carrière du Châble en 1929-30

La production de la carrière du Châble en 1929-30

Il faut aussi dire que les blocs de pierre sont cassés à la masse de 7 kgs et réduits en ballast et macadam avec des massettes. Ce n'est qu'en 1932 qu'un concasseur et un gravillonneur seront installés.

Le krach de 1929 aux Etats-Unis se fait ressentir dans l'hexagone deux ans plus tard, l'instabilité politique s'installe et avec elle la valse des gouvernements. Le chômage est important dans le pays, les zélés ministres pensent trouver la solution. Il faut que le travail soit redonné aux français....  Ainsi naissent quelques directives ministérielles que les Ingénieurs des Mines s'empressent de transmettre aux entreprises sous leurs coupes.

 

Ces documents qui ont plus de 90 ans, ont bien vieilli, toutefois, pour ceux qui auront la curiosité de les découvrir, j'ai choisi de recopier entièrement la directive du ministre du Travail en utilisant la même police de caractère et en respectant strictement la mise en page.

Ministère du Travail

Direction du Travail                              Paris le 23 novembre 1934

     Service Central

   De la main d’œuvre

                                         Le Ministre du Travail

                                  à M.M les Ingénieurs en chef des Mines       

 

Le Conseil des Ministres, dans sa séance du 20 novembre 1934, a décidé que des décrets seraient pris en vertu de l’article 2 de la loi du 10 août 1932 sur la protection de la Main-d’œuvre Nationale, pour fixer la proportion d’étrangers dans les professions et régions où cette proportion est supérieure à 10 p. 100.

        Vous voudrez bien me faire connaître les professions exercées dans les exploitations contrôlées par votre service, dans lesquelles le pourcentage de la main-d’œuvre étrangère employée dépasse 10 p. 100, sinon dans la totalité de ces exploitations, tout au moins dans certaines d’entre elles.

        Vous ne devrez pas attendre que la liste de ces professions soit complète pour me l’envoyer. Vous devrez me signaler, dès la réception de la présente circulaire, celles de ces professions qui, à votre connaissance, se trouveraient dans ce cas, avec l’indication des départements où existeraient des exploitations occupant plus de 10 p. 100 de main-d’œuvre étrangère dans ces professions.

        Vous me ferez parvenir des listes complémentaires au fur et à mesure que de nouvelles professions vous seraient signalées. Il y a en effet intérêt à ce que paraissent le plus tôt possible au journal officiel les avis ouvrant la consultation des organisations patronales et ouvrières intéressées prévues par la loi.

        Vous devrez vous mettre en rapport avec les organisations, notamment avec les organisations patronales, en les invitant à prendre, dès maintenant les mesures nécessaires pour réduire la proportion de travailleurs étrangers employés, vous insisterez sur ce point que les pourcentages ne doivent pas être fixés, de telle façon qu’ils consacrent la proportion actuellement existante ils ne doivent pas en particulier se rapprocher de ceux des établissements où ils sont les plus élevés ; ils doivent même comporter une réduction sur la proportion moyenne existante. S’il apparaît nécessaire de former des ouvriers français pour remplacer les étrangers que les pourcentages ainsi fixés écarteraient, la réduction pourra être échelonnée en plusieurs étapes, comme le prévoit d’ailleurs la loi, afin de permettre aux exploitants et à leurs groupements d’organiser la formation d’ouvriers français. Il va sans dire que vous devrez, sur tous ces points, me donner l’avis motivé de votre service.

        L’accroissement incessant du chômage exige la plus grande diligence dans les mesures à prendre pour réserver autant que possible à nos nationaux le travail disponible. Je compte, à cet effet sur l’active collaboration de votre service.

                                               Le Ministre du Travail

                                                       Paul Jacquier

Difficile de ne pas faire le parallèle avec les discours de certains politiques actuels ! !

La réponse? Au prochain épisode bien sûr.

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