Le forage à la carrière
En faisant du classement, je suis tombé sur quelques clichés faits chez Henri Botta. En effet, lors de ma visite en ce lieu mythique, organisée par Pascalou, nous avons fait le tour du propriétaire, avec son accord bien entendu, on sait se tenir. En ces lieux il semble que le temps se soit arrêté tant le matériel semble d'un autre temps, endormi aux 4 coins de l'exploitation. Mais plus probablement on peut penser que l'homme soit suffisamment attaché à son matériel, fût-ce-t-il ancien,pour ne pas chalumer ce qui est aussi sa vie, son passé, sa passion, sous prétexte d'en récolter quelques euros. Ici tout se respecte.
Bref la vue de cette couleur verte m'a ramené quelques années en arrière, plus précisément en juillet 1979, été pendant lequel j'ai enfin pu travailler dans l'entreprise. Respectueux de la législation sur le travail, mon père ne voulait pas m'embaucher à la carrière pour les vacances tant que je n'avais pas atteint l'âge légal de 16 ans, et quand on est du mois d'octobre, ça décale tout ! !
Lors de cette première expérience professionnelle, j'ai fait le tour de beaucoup de postes, de la tenue du poste de concassage dans un bruit étourdissant, à la conduite des engins, mais j'ai également eu droit à une initiation au forage.
A cet époque, les carrières avaient leur propre matériel, leur mineur. Bien entendu, vu la taille de l'exploitation, il n'y avait pas un tir par semaine, loin de là. Dans l'exploitation familiale le minage était réalisé par Albert Favriel. Celui-ci forait et chargeait le tir. Je l'ai toujours vu travailler là-bas, tantôt sur le GLC, tantôt au minage. Il faudra bien un jour s'arrêter sur les hommes, sur les "casseux d'pierres".
Chose inconcevable maintenant, il habitait avec sa famille dans la carrière même. La maison était au-dessus de l'ancien atelier et surtout du stock d'explosif. Autre temps, autre moeurs.
De plus, une carrière dans ces années là n'était pas équipée de dépoussièreur, l'installation n'était que partiellement couverte, l'arrosage des pistes se faisait à minima ....
Mais revenons à nos moutons. Donc par un beau matin de juillet 1980, je me suis retrouvé au forage. J'observais le travail puis j'ai pris les commande du Motofore.
Engin d'apparence rustique, fabriqué par MONTABERT, il était constitué d'un chassis sur pneus, entrainé par des moteurs à air. Dessus, une glissière et un marteau pneumatique. D'ailleurs tout était pneumatique sur cette machine. Une fois le compresseur attelé, l'ensemble pouvait se déplacer de manière autonome dans la carrière. Cette expérience m'avait marqué, je m'en souviens très bien. J'avais dit à mon père, pendant la pause de midi, que ce travail était ingrat, dangereux, car du fait du placements des commandes sur le mât de forage, on prenait tous les cuttings dans le visage, plus la poussière. En fait, il y avait un emplacement pour mettre un tuyaux d'air afin de pousser les débrits....... ustensiles que le foreur ne voulaient pas utiliser mais qu'il a fini par mettre l'après-midi. Celà devenait quand même beaucoup plus confortable mais si lui pensait que ça ne servait à rien. Rudesse des hommes de cet époque, faisant peu cas de leurs souffrances, d'un métier si exigeant avec leur corps.
Du fait de l'utilisation de l'air comprimé, cet engin était extrémement bruyant, d'ailleurs ce son si reconnaissable m'est revenu instantanément en mémoire en mars 2002 lors de mon premier chantier de rénovation de tunnel à Modane. Lors de ma première visite sur le site, à l'entrée de l'ouvrage on pouvait entendre ce son si particulier du MOTOFORE, utilisé pourtant 500 m plus loin. Il appartenait à NOUVETRA, entreprise lyonnaise spécialisée dans les travaux en tunnel. Je ne serais pas étonné de le voir fonctionner encore ponctuellement, qui sait?
Certains trouveront cet équipement bien rustique, mais n'oublions pas que les mineurs, à une époque foraient à la main. Un à la barre pour faire le quart de tour entre chaque coup, et deux à frapper à la masse.....
Autres temps......
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