Laster & bagger, portrait
Il y a 16 mois, je reçois un mail de Daniel, rédacteur en chef du magazine suisse allemand Laster & Bagger. C'est un de mes amis, Alexandre qui lui a proposé de me consacrer un portrait comme il le fait à chaque parution. Étant moi-même abonné à la revue, je savais à quoi m'attendre. J'avais déjà rencontré Daniel à Ebianum, et en mars nous nous sommes revus à Ede en Hollande, puis de nouveau le mois suivant chez Eberhard en Suisse. Les échanges ont été très intéressants et très faciles. Du fait de l'éloignement, les échanges se faisaient par mail, Daniel me transmettait un questionnaire auquel je devais répondre. De son côté il élaborait le texte, me le soumettait, je corrigeais à ma guise le texte, et je conservais toute ma liberté de diffusion tant au niveau des textes et des photos que j'ai fournies. J'ai laissé Daniel choisir les photos que je lui avais proposé ou qu'il avait vu sur le forum par exemple, mais aussi par rapport à son ressenti au travers du blog.
La revue parait tous les deux mois, en allemand, les traductions en anglais et en français sont disponibles en ligne, elle traite des modèles réduits en TP et camions, quelques reportages sur du matériel nouveau ou ancien et à chaque numéro un article sur un collectionneur.. Voici le portrait qu'il m'a consacré l'année dernière.
Pour ceux qui voudraient en savoir plus, voici le lien : Laster & Bagger
Pascal Duarté est né en 1963 à Mayenne, une localité située entre Rennes et Le Mans, entre la Bretagne et la Normandie, au milieu de trois frères. Sa mère travaillait à la poste et bien qu‘elle soit bien occupée avec ses trois garçons, elle s‘occupait encore le soir de la comptabilité de la carrière. L‘entreprise familiale avait déjà été fondée par le grand-père de Pascal et son père a poursuivi l‘héritage. Bien sûr, les enfants lui rendaient régulièrement visite au travail, et Pascal et ses frères étaient donc chez eux dans le monde des carrières depuis leur plus jeune âge. Les mercredis après-midi où ils n‘allaient pas à l‘école, ils avaient le droit de monter dans le camion qui livrait les chantiers. Lorsqu‘on demandait à Pascal ce qu‘il voulait faire plus tard, sa réponse était sans équivoque : « Conducteur de TY45 », car dans la carrière, on ne travaillait qu‘avec des pelles de Poclain. Bien sûr, les trois garçons ont aussi joué avec des modèles réduits d‘engins de chantier, mais il y en avait peu dans les années 1970. Ils avaient toutefois la chance qu‘un vendeur Poclain habite dans le village et vienne régulièrement les voir. Il rendait parfois visite à leur père le soir et les garçons attendaient patiemment qu‘il ouvre le coffre de sa voiture pour leur proposer un modèle. Il s‘agissait des modèles en plastique de Bourbon à l‘échelle 1:43 que nous recherchons aujourd‘hui.
Ceux-ci offraient une grande fonctionnalité et les enfants pouvaient donc jouer merveilleusement avec
dans le sable. « Nous chargions quelques mètres cubes de sable avec ces Poclain ! » se souvient le collectionneur, et comme le sable était très abrasif, plusieurs modèles en plastique des mêmes types ont été “consommés” au fil des ans. Le parc de machines comprenait tous les modèles Poclain connus de Bourbon, TY45 bien sûr, mais aussi GC et GY120, TCB, TCS, LY2P.
Des camions Berliet du constructeur français Norev étaient chargés et le parc de machines était complété par
quelques-uns des modèles Matchbox connus à l‘époque.
La proximité du Mans et de sa course de 24 heures mondialement connue a laissé des traces, surtout chez le frère aîné, qui s‘est rapidement intéressé davantage aux voitures à l‘échelle 1:43 qu‘aux machines de chantier. Il lisait Echappement (un magazine français) et modifiait les modèles de voitures en fonction des photos qu‘il trouvait dans le magazine ; nous allions très souvent au Mans parce qu‘il y avait un magasin de voitures miniatures. Pendant la saison froide, les garçons jouaient à l‘intérieur et le sable était remplacé par des Legos. C‘est sur la Poclain TY45, sans doute la pelle la plus connue du constructeur, que Pascal a effectivement appris à manier les machines dès qu‘il a été assez grand ; d‘abord sur les genoux de son père, puis bien sûr seul. Il a ensuite passé la plupart de ses vacances dans les cabines des machines, l‘une de ses préférées étant, outre la TY45, un Michigan 85A. Dans son blog (www.ec1000. net), Pascal décrit son empreinte de manière très appropriée : « Si Obélix est tombé dans le pot de potion magique quand il était petit, je suis tombé dans les machines ! » Et son père lui a dit un jour: «plus tu es sale, plus tu es heureux»! Et il avait sans doute raison de le penser, car Pascal portait les vêtements des ouvriers de la carrière avec une fierté enfantine. Malgré cette imprégnation précoce, Pascal n‘est pas devenu machiniste, mais a opté pour des études d‘ingénierie civile et a obtenu un bac.
Il a ensuite travaillé pendant 37 ans à la SNCF en tant que surveillant de travaux, où il était responsable du contrôle des chantiers, les 17 premières années pour la construction des lignes TGV à Tours, Lyon, Valence et Montélimar. Il a ensuite passé 10 ans en Savoie pour le projet de transport combiné de marchandises à travers les Alpes françaises et au tunnel ferroviaire du Mont-Cenis. Ce n‘est qu‘en 2012 qu‘il est revenu dans son pays natal et a travaillé dix ans de plus dans la maintenance jusqu‘à sa retraite en 2023. Dès son plus jeune âge, Pascal a découvert des maquettes installées dans le bureau d‘un collègue, ce qui l‘a probablement incité à poursuivre sa collection, comme il le suppose avec le recul. Certains modèles Poclain de son enfance étaient encore présents et ont constitué le début de sa collection. Bien qu‘au 1/43e, les modèles Bourbon en font encore partie aujourd’hui, car aucun autre fabricant n‘a réalisé autant de types différents de la marque française mondialement connue. Pascal souligne qu‘il n‘achète que des modèles qui lui plaisent. Malgré son amour pour Poclain, il n‘achète par exemple pas certaines pièces de cette marque si elles sont pleines de défauts. Il cite ici comme exemple le HC300 de Miniature du Faubourg ou les modèles de WESPE en général. Sa collection se concentre surtout sur l‘exploitation minière et le terrassement, mais comprend aussi quelques modèles de construction routière, comme des finisseurs ou des niveleuses, un ou deux camions malaxeurs, cinq grues aux couleurs de « PPM » et « SE Levage », ainsi que quelques camions. Ce sont les gros museaux d‘Australie et des Etats-Unis qui lui plaisent le plus, car le collectionneur a « un faible » pour eux.
Il n‘y a pas de limites pour les broyeurs, où toutes les marques sont représentées : Kleemann, Sandvik, Keestrack, Rubblemaster et d‘autres encore - des souvenirs d‘enfance vont-ils ressurgir ? Dans la carrière familiale, il y avait bien sûr toujours un broyeur.
Parmi les couleurs de l‘entreprise, « Eberhard » et « Kibag » ont la cote, et Pascal est un visiteur fidèle de l‘exposition à Ebianum. Le collectionneur ne veut pas se fixer sur un seul modèle préféré, le choix de sa collection est bien trop intéressant et varié pour cela. Il cite néanmoins en premier lieu la Poclain TU sur châssis GMC de Debelleyme au 1:50, car c‘était la première pelle de son grand-père et Pascal l‘a même vue à l‘œuvre.
En outre, il trouve que les modèles de Roger Renault (RR Models) sont « les plus beaux modèles artisanaux du monde. La précision, la qualité des matériaux, la fidélité à l‘original ainsi que la constance dans l‘assemblage et la peinture, «cet homme est un génie ! » Pour les modèles de série, il s‘extasie devant le RH340 de Bymo, qui était selon lui « sans aucun doute le meilleur jamais produit en grande série, avec en plus un rapport qualité/prix jamais vu depuis ». La Marion 191M de David Wooton, un Anglais qui ne produisait que de très petites séries, constitue une pièce extrêmement rare : « ce n‘est certainement pas le plus beau modèle, mais il m‘a été vendu par un ami qui sait que je vais le garder - je ne revends jamais un modèle ». Il ne possède pratiquement aucun détail, mais il correspond à son époque des années 1980, lorsque les modèles étaient réalisés de manière plus simple. Le modèle le plus cher de la collection est sans aucun doute le Wabco 3200 d‘ATM. Le collectionneur adore ce vieux dumper, il l‘a acheté à la première occasion et explique à ce sujet : « finalement, je n‘achète pas un modèle pour son prix, et je ne crois pas beaucoup au snobisme actuel qui veut que quelque chose soit forcément beau parce qu‘il est cher ». Pascal prend donc autant de plaisir à présenter un Bobcat à 10 €, par exemple, qu‘un Cat 6060 de CCM à 1300 €. Le collectionneur prévoit quelques nouvelles acquisitions de Grieto (GL3D-Models). Bien qu‘il ne compte pas parmi les amis des modèles issus de l‘impression 3D, il atteste que le Hollandais a fait du très bon travail. Ses modèles ne présentent pas de lignes d‘impression visibles, et il choisit en outre des originaux historiques intéressants. Malgré sa riche collection, il cherche encore des camions bennes châssis rigides d‘Euclid et de Terex adaptés à ses anciennes pelles à câbles. Pascal achète d‘ailleurs ses modèles de préférence chez des revendeurs spécialisés en Suisse et à l‘étranger, dans des foires et des expositions, où il peut les examiner avant l‘achat ; il a malheureusement fait de mauvaises expériences avec Ebay. Outre les pelles Poclain de Bourbon avec une dizaine de camions assortis au 1/43e et les modèles CCM au 1/48e, la collection ne comprend que des modèles au 1/50e. Actuellement, Pascal envisage d‘élargir le domaine aux modèles au 1/87e, car les nombreuses possibilités offertes par la construction de dioramas le séduisent.
En effet, il présente également sa collection actuelle en grande partie sur des dioramas, qui font également office de tablettes dans les vitrines fabriquées à la main. Il a commencé à construire des dioramas à la fin des années 1990 et sa première pièce d‘exposition était basée sur un morceau de mousse sur lequel il a mis en scène un Poclain TY45 de Bourbon. Le petit diorama se trouve toujours dans l‘une des vitrines, et il sert toujours au collectionneur pour photographier différents modèles. Entretemps, ce sont environ 40 dioramas différents qu‘il utilise pour prendre des photos et qu‘il emporte également lors d‘expositions, raison pour laquelle il a toujours été important qu‘ils soient faciles à transporter. Le collectionneur fabrique lui-même les bâtiments et utilise de préférence des matériaux naturels pour les décorer. Tout est collé de manière stable, sauf les bâtiments, afin qu‘ils puissent parfois être placés sur un autre diorama. L‘idée derrière les dioramas n‘était pas seulement de créer un environnement approprié pour les machines, mais aussi de montrer les ouvriers et de leur témoigner ainsi du respect pour leur travail. Pascal Duarté entretient des échanges réguliers avec six autres collectionneurs de l‘ouest de la France, ils se rencontrent, échangent des conseils et se regroupent parfois pour des commandes groupées. Ils visitent des bourses ou se rendent entre eux pour admirer les collections des autres. Le groupe participe ensemble à une exposition une fois par an, en présentant des maquettes sur un thème précis. Pascal apporte à chaque fois ses dioramas, sur lesquels sont posés les modèles de tous les participants correspondant au thème. Il ne s‘agit pas de montrer qui possède quel modèle, mais de faire découvrir aux visiteurs un thème intéressant. Outre le Modelshow Europe à Ede, le groupe visite également l‘exposition à l‘Ebianum. Jusqu‘à présent, Pascal ne s‘est que très peu aventuré dans la transformation ou le perfectionnement de modèles. Il préfère laisser tomber le vieillissement, car c‘est « un art qui demande beaucoup de sensibilité et d‘expérience si l‘on veut qu‘il soit réaliste ». La salle de loisirs est très bien aménagée et c‘est un plaisir de la contempler. Les visiteurs apprécient particulièrement la présentation des modèles sur les dioramas et trouvent cela plus intéressant que s‘ils étaient simplement alignés les uns à côté des autres. Les amis de Pascal connaissent bien sûr son histoire : quand il était petit, il est tombé dans la marmite ou dans les machines, comme Obélix.
Le collectionneur adore ce vieux dumper, il l‘a acheté à la première occasion et explique à ce sujet : « finalement, je n‘achète pas un modèle pour son prix, et je ne crois pas beaucoup au snobisme actuel qui veut que quelque chose soit forcément beau parce qu‘il est cher ». Pascal prend donc autant de plaisir à présenter un Bobcat à 10 €, par exemple, qu‘un Cat 6060 de CCM à 1300 €. Le collectionneur prévoit quelques nouvelles acquisitions de Grieto (GL3D-Models). Bien qu‘il ne compte pas parmi les amis des modèles issus de l‘impression 3D, il atteste que le Hollandais a fait du très bon travail. Ses modèles ne présentent pas de lignes d‘impression visibles, et il choisit en outre des originaux historiques intéressants. Malgré sa riche collection, il cherche encore des camions bennes châssis rigides d‘Euclid et de Terex adaptés à ses anciennes pelles à câbles. Pascal achète d‘ailleurs ses modèles de préférence chez des revendeurs spécialisés en Suisse et à l‘étranger, dans des foires et des expositions, où il peut les examiner avant l‘achat ; il a malheureusement fait de mauvaises expériences avec Ebay. Outre les pelles Poclain de Bourbon avec une dizaine de camions assortis au 1/43e et les modèles CCM au 1/48e, la collection ne comprend que des modèles au 1/50e. Actuellement, Pascal envisage d‘élargir le domaine aux modèles au 1/87e, car les nombreuses possibilités offertes par la construction de dioramas le séduisent.
En effet, il présente également sa collection actuelle en grande partie sur des dioramas, qui font également office de tablettes dans les vitrines fabriquées à la main. Il a commencé à construire des dioramas à la fin des années 1990 et sa première pièce d‘exposition était basée sur un morceau de mousse sur lequel il a mis en scène un Poclain TY45 de Bourbon. Le petit diorama se trouve toujours dans l‘une des vitrines, et il sert toujours au collectionneur pour photographier différents modèles. Entretemps, ce sont environ 40 dioramas différents qu‘il utilise pour prendre des photos et qu‘il emporte également lors d‘expositions, raison pour laquelle il a toujours été important qu‘ils soient faciles à transporter. Le collectionneur fabrique lui-même les bâtiments et utilise de préférence des matériaux naturels pour les décorer. Tout est collé de manière stable, sauf les bâtiments, afin qu‘ils puissent parfois être placés sur un autre diorama. L‘idée derrière les dioramas n‘était pas seulement de créer un environnement approprié pour les machines, mais aussi de montrer les ouvriers et de leur témoigner ainsi du respect pour leur travail. Pascal Duarté entretient des échanges réguliers avec six autres collectionneurs de l‘ouest de la France, ils se rencontrent, échangent des conseils et se regroupent parfois pour des commandes groupées. Ils visitent des bourses ou se rendent entre eux pour admirer les collections des autres. Le groupe participe ensemble à une exposition une fois par an, en présentant des maquettes sur un thème précis. Pascal apporte à chaque fois ses dioramas, sur lesquels sont posés les modèles de tous les participants correspondant au thème. Il ne s‘agit pas de montrer qui possède quel modèle, mais de faire découvrir aux visiteurs un thème intéressant. Outre le Modelshow Europe à Ede, le groupe visite également l‘exposition à l‘Ebianum. Jusqu‘à présent, Pascal ne s‘est que très peu aventuré dans la transformation ou le perfectionnement de modèles. Il préfère laisser tomber le vieillissement, car c‘est « un art qui demande beaucoup de sensibilité et d‘expérience si l‘on veut qu‘il soit réaliste ». La salle de loisirs est très bien aménagée et c‘est un plaisir de la contempler. Les visiteurs apprécient particulièrement la présentation des modèles sur les dioramas et trouvent cela plus intéressant que s‘ils étaient simplement alignés les uns à côté des autres. Les amis de Pascal connaissent bien sûr son histoire : quand il était petit, il est tombé dans la marmite ou dans les machines, comme Obélix.
Pascal Duarté entretient des échanges réguliers avec six autres collectionneurs de l‘ouest de la France, ils se rencontrent, échangent des conseils et se regroupent parfois pour des commandes groupées. Ils visitent des bourses ou se rendent entre eux pour admirer les collections des autres. Le groupe participe ensemble à une exposition une fois par an, en présentant des maquettes sur un thème précis. Pascal apporte à chaque fois ses dioramas, sur lesquels sont posés les modèles de tous les participants correspondant au thème. Il ne s‘agit pas de montrer qui possède quel modèle, mais de faire découvrir aux visiteurs un thème intéressant. Outre le Modelshow Europe à Ede, le groupe visite également l‘exposition à l‘Ebianum. Jusqu‘à présent, Pascal ne s‘est que très peu aventuré dans la transformation ou le perfectionnement de modèles. Il préfère laisser tomber le vieillissement, car c‘est « un art qui demande beaucoup de sensibilité et d‘expérience si l‘on veut qu‘il soit réaliste ». La salle de loisirs est très bien aménagée et c‘est un plaisir de la contempler. Les visiteurs apprécient particulièrement la présentation des modèles sur les dioramas et trouvent cela plus intéressant que s‘ils étaient simplement alignés les uns à côté des autres. Les amis de Pascal connaissent bien sûr son histoire : quand il était petit, il est tombé dans la marmite ou dans les machines, comme Obélix.
Merci Daniel pour cet article, je ne regrette pas cette aventure. Le texte est très fidèle, tout juste quelques subtilités pas tout à fait exacte et qui ne sont dues qu'à la traduction littérale.