Poclain TY45, première partie, la génèse

        Aussi curieux que cela puisse paraitre, je n'ai jamais pris le temps de présenter en profondeur cette machine. Étonnant aussi car c'est la machine sur laquelle j'ai appris à conduire, c'est aussi celle qui a bercé mon enfance mais c'est avant tout la pelle qui a amené Poclain dans une autre dimension. En effet, et en faisant preuve d'objectivité, combien de  constructeurs peuvent-ils se vanter d'avoir un modèle aussi mythique dans leurs rangs?

Historiquement, si les années 20 à 50 sont consacrés essentiellement aux machines agricoles, la décennie 50 voit les sorties des TU puis des TO (modèle très vite abandonné et dont la production n’aura été que de 25 pièces).

Au milieu des années 50, lors de réunions internes d'agents sous la direction de Jacques Bataille, chacun fait part de son expérience sur les points positifs et négatifs des Poclain TU. Il en ressort que les ventes de TU pourraient être beaucoup plus importantes si cette pelle était automotrice et non plus sur camion. Convaincu par le bien fondé des remarques, Pierre Bataille alors directeur technique va se mettre au travail avec l'aide de toute l'équipe du bureau d'études. Le projet TY voit le jour. Ce sera alors la TY, en parallèle certains modèles sur porteur comme les TP30, TP300 et TL.  Toutefois, un des points faibles des machines de l'époque reste l'absence de rotation totale.

En effet, mue par deux vérins posés à plat, la rotation se limite à 270° et le passage au stade ultime implique l'utilisation d'un moteur hydraulique fonctionnant à haute pression et doté d'un fort couple moteur mais aussi frein. Les seuls moteurs existant sur le marché équipent les tourelles des chars  mais ne sont pas assez puissants et en plus sont très chers. Décision est alors prise de créer ce matériel, un cahier des charges est défini, le bureau d'études étant saturé de travail, c'est alors Claude Bataille qui va s'en charger directement. Il va mobiliser ses amis ingénieurs en formation pendant son service militaire dans les Alpes, les premiers prototypes voient le jour. Après 18 mois de développement, le moteur est validé, il équipera les TY45, première pelle Poclain à rotation totale, une révolution. Le moteur G0 est né.

Pour la première fois, Poclain va charger un société extérieure de réaliser une enquête auprès de plus de 1000 clients. Technès va alors mener cette étude globale, technique et commerciale. Il s'agit pour Poclain de coller parfaitement au marché et aux attentes des clients en s'appuyant sur le succès de la TU. Le confort, l'ergonomie du poste de conduite sont ainsi pris en compte, tout comme le rapport puissance/prix. Le design de la future TY45 est aussi étudié. Tout est passé au crible, étudié. Tout cet énorme travail de synthèse, technique et commercial a été non seulement productif mais aussi décisif. Au final, après avoir testé de nombreux design auprès de clients, Jean Parthenay réalise le dessin définitif de la TY45, ce qui amènera une conclusion pour le moins nette de Georges Bataille:

"Elle est moche, elle ne me plait pas, mais vous êtes le spécialiste, je vous fais confiance." L'avenir lui montrera qu'il a eu raison d'accorder sa confiance.

Ainsi naquit la TY45, machine pouvant être produite en grande série donc bon marché, polyvalente par excellence dotée d'une pléthore d'équipements, d'une largeur inférieure à 2.50 m donc conforme au code de la route, dotée d'un châssis en Y stable et maniable, et puissante. Bref, Poclain vient de créer "sa bonne à tout faire", véritable couteau suisse de tout entrepreneur.

En octobre 1961, durant 4 jours, la TY45 est présentée à plus de 900 invités, à la presse et à la télévision.

La Poclain TY45 sera fabriquée de juillet 1961 au 16 février 1965 dans l'usine du Plessis-Belleville, la  6 469 ème pelle Poclain sera la dernière. La suivante et les autres pelles seront désormais construites dans la nouvelle usine des Tournelles à Crépy où la première TY45 sera baptisée le jeudi 11 février 1965 lors d'une réception à laquelle tout le personnel de l'usine sera convié.

A suivre....

Que la Mémoire Vive